À 32 ans et pas moins de 35 millions d’albums vendus dans le monde, Robbie Williams est devenu un artiste incontournable de la scène pop-rock internationale.
Par ANNIE GRANDJANIN, mercredi 14 juin 2006.
Auteur-compositeur de tubes imparables qui puisent dans 40 ans de musique anglo-saxonne, des Beatles à Elton John, il a sorti son premier Greatest Hits en 2004, puis Intensive Care, en octobre dernier. Un album enregistré dans sa maison de Los Angeles, qui balance entre rock et romance, humour et nostalgie, mégalomanie et dérision... À l’image de ce bad boy aux allures de dandy. Ce sympathique frimeur n’a jamais joué la carte de l’humilité, même si ses mines de clown triste contredisent souvent ses tapageuses déclarations. « Je ne suis pas le meilleur chanteur du monde, mais je suis un show-man hors pair ! », déclare-t-il volontiers. Humour british, arrogance ou provocation ? Difficile de s’y retrouver tant l’homme et l’artiste semblent avoir vécu plusieurs vies.
Les années « Take That »
L’histoire commence comme un conte de fées... ou une énième version de « Star Academy ». Robert Peter Williams voit le jour à Stoke-On-Trent, une ville minière en Angleterre. Il passe les quinze premières années de sa vie dans le pub de ses parents. Un jour, sa mère découpe une annonce passée par un producteur qui cherche une dernière recrue pour créer un groupe. Elle suggère à son rejeton de tenter sa chance. Robbie réussit le casting et rejoint Gary Barlow, Mark Owen, Jason Orange et Howard Donald pour former le boys band « Take That ». Un quintet qui chante en play-back un répertoire formaté, aussi mou et indigeste qu’un pudding de Noël ! Le succès est fulgurant. En un peu plus de cinq ans, Take That vendra près de vingt millions d’albums et drainera des milliers de fans hystériques. Mais le feu couve entre Gary Barlow, leader présumé du groupe, et le fougueux Robbie qui multiplie les confessions fracassantes à la presse en avouant ses penchants pour la drogue et l’alcool. Du coup, l’image lisse et proprette de ces gentils boy-scouts en prend un sacré coup. Robbie est prié d’aller gesticuler sous d’autres cieux et quitte le groupe en février 1995, juste avant une tournée mondiale sold out.
Sexe, drogue et rock’n’roll
Cette nouvelle indépendance ne lui porte pas bonheur. « En arrivant dans ce groupe je me sentais capable de tout, en repartant, je ne me sentais plus bon à rien », dit-il. A l’époque, aucun producteur n’aurait misé la moindre livre sterling sur l’avenir de l’ex-Take That. Et le moins qu’on puisse dire c’est que Robbie n’a guère joué les repentis. Il se vautre joyeusement dans la « Sex, Drug et Rock’n’Roll attitude », traîne dans le sillage des sulfureux frères Gallagher du groupe Oasis, se charge de tout ce qui passe à portée de nez... et d’une bonne quinzaine de kilos. « Je me suis laissé piéger durant des années car je ne savais pas comment échapper à mon mal-être. Et puis, un jour, j’ai compris que la drogue et l’alcool me détruisaient. Je ne sais pas si je suis totalement sorti de ma dépression, mais je suis remonté à la surface », confessera-t-il à l’aube de sa rédemption. Repris en main par le producteur et guitariste Guy Chambers, il entame un régime sévère et prend des cours de chant. Son premier single Freedom, une reprise de George Michael, est un bide. Il récidive alors avec un second Old Before I Die et c’est le succès. Dans la foulée, il sort son premier album solo, Life Thru a Lens, porté par le tube planétaire Angels. L’année suivante, il enregistre I’ve Been Expecting You, coécrit avec Guy Chambers, Neil Tennant du groupe Pet Shop Boys et Neil Hannon de Divine Comedy. Lors de la cérémonie des Brit Awards, en février 1999, il décroche trois trophées. Pantin ridicule à 17 ans, violent et provocateur à 22, rongé par l’alcool et la drogue à 25, Robbie vient de décrocher le titre très envié de « roi de la pop ». La « Robbiemania » est en marche.
Un crooner assagi
Malgré le succès, il continue de défrayer les chroniques, pour le plus grand bonheur des tabloïds anglais. Il entretient savamment sa réputation de tombeur, ne rate jamais une occasion de s’exhiber dans le plus simple appareil ou de dire sa haine pour Liam Gallagher, l’autre star de la pop. Mais l’homme ne manque ni de ressources ni d’ambition. Il rêve cette fois de tracer son sillon dans le terrain pourtant largement labouré par des crooners comme Frank Sinatra, Dean Martin ou Sammy Davis Jr, le fameux Rat Pack auquel il rend hommage avec Sing When You’re Winning. Un album enregistré avec la crème des musiciens, dont certains ont accompagné le créateur de Strangers In The Night et dans lequel il revisite quelques vieux standards comme Things, M. Bojangles ou encore Somethin’Stupid en duo avec Nicole Kidman. Multiplatiné, cet album respectueux et sans esbroufe lui vaut la reconnaissance d’un très large public, y compris des puristes qui ne voyaient en lui qu’un bateleur frimeur et arrogant. Parallèlement à la sortie de Feel, un livre-confession rédigé par Chris Heath, il sort, en octobre 2004, un Greatest Hits qui réunit les « tubes » de ses quatre albums studio comme Angels, Millenium, Kids, Rock DJ... - sans oublier le titre en français Suprême. Son dernier album Intensive Care (« Soin intensif »), enregistré chez lui à Los Angeles avec Stephen Duffy (de Duran Duran), est fortement inspiré par les sonorités des Prefab Sprout, Human League et autres Stones. On y trouve des morceaux savoureux comme Tripping, un mini-gangster opera aux accents reggae, A Place To Crash, un rock sacrément efficace, Make me Pure, une touchante ballade ainsi que The Trouble With Me une chanson dans laquelle il semble renouer avec ses vieux démons. Invité récemment dans l’émission « Tout le monde en parle » de Thierry Ardisson, Robbie Williams confiait : « J’apprends à me faire confiance, je grandis, je deviens plus mûr. Si je dois devenir la personne que je veux être, il faut que j’attende. Je m’en approche mais je ne suis pas encore cet homme. »
QUELQUES CONFIDENCES
En 2004, avec la complicité du journaliste anglais Chris Heath, Robbie Williams a publié une autobiographie baptisée Feel (Éditions Michel Lafon). Un titre emprunté à l’un de ses plus grands tubes. Au fil des pages, on y apprend :
- qu’il rêvait de devenir David Bowie ou Iggy Pop ;
- qu’il a refusé de jouer dans les séries Charmed et Alias ;
- qu’il porte derrière l’oreille un tatouage avec la lettre B, en hommage à sa grand-mère et, sur le bras droit « Elvis give me serenity » ;
- que son père est son héros absolu ;
- qu’il a le sentiment d’avoir été français dans une autre vie ;
- qu’il se voit comme la version masculine de Bridget Jones ;
- qu’il cherche toujours la future Madame Williams...
BIO EXPRESS
- 13 février 1974 : naissance à Stoke-on-Trent en Angleterre
- 1990 : rejoint le boys band « Take That »
- Février 1995 : quitte le groupe
- 1996 : premier single solo Freedom 90 suivi d’Old Before I Die.
- 1997 : sortie de son premier album solo Life Thru a Lens.
- 1998 : sortie de I’ve Been Expecting You.
- Février 1999 : remporte 3 trophées aux Brit Awards.
- 2001 : sortie de Swing When You’re Winning où il rend hommage au fameux Rat Pack (Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr).
- 2002 : signe avec EMI, l’un des contrats les plus juteux de l’histoire du disque. On avance la somme de 120 millions d’euros.
- 2003 : sortie d’Escapology
- Octobre 2004 : sortie de son Greatest Hits.
- Octobre 2005 : sortie de l’album Intensive Care.
Parc des Princes, le 17 juin, à 19 h. Loc. Points de vente habituels. Prix : de 50,50 à 111,00 €.
Source : Le Figaroscope