Tandis que le film Better Man a été présenté hier soir en avant-première au Festival du Film de Telluride dans le Colorado en présence de Robbie et de Michael Gracey, le New York Times vient de publier un très long article pour décrire le film et raconter son making of. Découvrez l'article dans son intégralité et les photos inédites de Robbie présent au Festival hier soir.

Voici la traduction de l'article du New York Times publié la nuit dernière : 

Dans un biopic sur Robbie Williams, la star est un singe en images de synthèse.
Le réalisateur Michael Gracey espère que les Américains vont enfin découvrir le chanteur britannique, qui est représenté avec des verrues, de la fourrure et tout le reste dans Better Man, présenté en avant-première au Festival du film de Telluride.

Danse, singe, danse. Chante, singe, chante. La pop star britannique Robbie Williams s’est toujours sentie comme un singe scénique. Il s’est décrit ainsi lorsqu’il se souvient de certaines périodes de sa vie : lorsqu’il était jeune garçon, essayant de prouver à son père qu’il avait le « facteur it » nécessaire pour devenir une star ; lorsqu’il était adolescent et qu’il a décroché le job de ses rêves en tant que cinquième membre du boys band Take That ; et enfin, lorsqu’il était adulte, essayant de démarrer une carrière solo.

Des biopics récents sur le groupe Queen et Elton John ont prouvé que le public est prêt à faire un voyage fantastique à travers les trajectoires communes des pop stars, faites d’ascension, de chute et de remontée. Mais sera-t-il aussi réceptif lorsque le protagoniste sera joué par un singe généré par ordinateur ?

Oui, vous avez bien lu. Dans le biopic musical à venir Better Man, le personnage de Robbie Williams est un chimpanzé, bien que tout le monde autour de lui soit humain. C’est un pari que le réalisateur Michael Gracey, surtout connu pour le film à succès The Greatest Showman, compte bien faire accepter aux cinéphiles, même aux États-Unis, où Williams n’est pas encore un nom connu malgré sa célébrité internationale.

Le singe, a déclaré Gracey, « a été pour moi le point fort, et c’est aussi ce qui a rendu le film quasiment impossible à financer ».

Son plan était de s’appuyer sur les magiciens de Weta FX (Avatar : La Voie de l’eau) en Nouvelle-Zélande pour concevoir un singe généré par ordinateur, un processus similaire au processus qui a transformé Andy Serkis en César dans la franchise La Planète des singes. Pour Better Man, l’acteur de théâtre Jonno Davies a porté le costume gris de capture de mouvements pendant toute la production et a ensuite été rendu sous forme simiesque. Pour le visage du chimpanzé, les yeux de la vraie pop star ont été utilisés.

Cette approche a non seulement doublé le budget du film, mais elle semblait également trop éloignée pour la plupart des bailleurs de fonds. À plusieurs reprises, Gracey a déclaré : « Je me suis assis avec les financiers. Ils m’ont dit : « Réalisateur de The Greatest Showman, Robbie Williams. Je ne pourrais pas être plus enthousiaste à ce sujet. » Combien tu penses ? » Et je répondais : « Eh bien, il n’y a une chose que vous devez savoir : Robbie dans le film est incarné par un singe. » Et ils répondaient : « Oh, oui, dans une séquence de rêve, ou il regarde son reflet et il se voit comme un singe. » Je répondais : « Non, non, non, pendant tout le film. » Leurs visages s’assombrissaient et ils disaient : « OK, eh bien, c’est la fin de cette réunion. »

Gracey a passé six ans et tout son capital politique issu du succès massif de The Greatest Showman, qui a rapporté 435 millions de dollars dans le monde entier, pour réunir l’argent nécessaire à la réalisation de cette comédie musicale fantastique mettant en vedette le catalogue musical de Williams. Le film a été présenté en avant-première vendredi soir au Festival du film de Telluride dans le Colorado sous une standing ovation. Il sera ensuite présenté au Festival international du film de Toronto en septembre avant sa sortie nationale par Paramount Pictures le jour de Noël.

Williams, avec sa personnalité effrontée et son « visage à frapper » autoproclamé, était tout à fait à bord du concept du singe, a déclaré Gracey. « Il a souri jusqu’aux oreilles » quand on lui a présenté le projet pour la première fois. « Il pensait que c’était tellement fou que ça allait marcher », a-t-il ajouté.

Ainsi, du premier au dernier plan du film, Williams est incarné par un singe, d’abord comme un jeune enfant aux pattes velues et aux oreilles surdimensionnées qui ne s’intègre pas à l’école et cherche désespérément l’approbation de son père showman ; puis comme un singe rebelle de boys band aux cheveux teints en blond (juste sur la tête) et un penchant pour de grandes quantités de cocaïne et d’alcool ; et enfin comme un singe adulte essayant désespérément de combattre ses démons.

Pour Gracey, le rendu brutal de la vie de Williams est rendu encore plus déchirant par le singe au centre, un animal sans défense qui, selon lui, suscitera la sympathie du public.

« Je crois sincèrement que l’on ressent davantage de choses parce qu’il est un singe », a-t-il déclaré. « Quand on regarde un singe se droguer, c’est vraiment difficile à regarder. Nous le montrons d’une manière désordonnée – cela vous met mal à l’aise, et c’est le but. »

Gracey a expliqué que le personnage se soignait lui-même au lieu de faire face à l’anxiété et à la dépression, d’essayer de s’engourdir, puis de se défendre. Le film « ne retient pas l’état extrême dans lequel il se trouvait mentalement à ce stade de sa vie », a ajouté le réalisateur.

Paramount, qui développe une autre comédie musicale originale avec Gracey depuis 2021, a eu un aperçu préliminaire du film et l’a immédiatement adopté.

« Je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir », a déclaré Brian Robbins, co-directeur général de Paramount Global, qui a visionné une version préliminaire et inachevée du film en novembre dernier avec son équipe et a fini par dépenser 25 millions de dollars pour les droits nord-américains. « Je pense que même avant que les lumières ne s’allument, on pouvait sentir cette sorte d’énergie », se souvient-il. « Quand quelqu’un fait l’inimaginable, c’est la chose la plus excitante dans ce domaine. Je pense qu’en fin de compte, c’est ce que le public veut vivre et nous l’avons vécu de première main – ce qui, avec un groupe blasé comme le nôtre, est plutôt difficile. »

Il y a deux ans, au Festival de Cannes, Gracey a montré 20 minutes du film à son fidèle groupe de financiers, et il a amené Robbie Williams avec lui pour la présentation. Gracey a parlé, mais tous les yeux étaient rivés sur Robbie. Et c'est à ce moment-là que Gracey a senti qu'il avait trouvé quelque chose avec cette grande expérience anthropoïde.

« C'est ce que fait le singe. C'est la représentation la plus vraie dans un film de ce que c'est que d'être une star, parce que nous regardons tous le singe », a-t-il déclaré, ajoutant : « Ils entrent dans la pièce, ils n'ouvrent pas la bouche, et tout le monde les regarde. »

Quant à Williams, il a déclaré lors de la première que la première fois qu'il a vu le film, il était en train de le traiter. Il a continué : « La deuxième fois, je me suis senti triste pour Nicole » Appleton, son ex-fiancée qui a été forcée par un manager de groupe à avorter. « Et puis je me suis senti triste pour moi. J'ai traversé beaucoup de choses. »

L’artiste, aujourd’hui âgé de 50 ans, a vendu 77 millions d’albums dans le monde et remporté 18 Brit Awards, l’équivalent anglais des Grammy Awards. Pourtant, aux États-Unis, il est pratiquement inconnu. Ce film pourrait changer la donne, du moins en ce qui concerne sa musique.

Pour Gracey, attirer des spectateurs qui ne connaissent pas du tout Williams sera la marque la plus évidente de son succès.

« Les personnes que je veux vraiment voir ce film sont celles qui ne s’intéressent pas à Robbie Williams », a déclaré Gracey. « C’est là, pour moi, la véritable victoire. C’est là que le singe transcende le récit. »

Voici les photos de la venue de Robbie hier au Festival :